
Mes poils et moi, je m’en bas les reins.
Ca ne s’est pas fait en un jour. Il m’a fallut une éternité pour arrêter de me soucier du regard des autres. Et encore une autre pour comprendre quand je voulais ou non les enlever.
Une histoire de poils
Ado, j’ai enlevé mes premiers poils aux réflexions des copines. « Beuuuurk. Tu as des poils sous les bras. » Je me souviens avoir beaucoup pleuré et m’être sentie déjà assez mal à l’aise avec ma toute petite poitrine et mon corps que je ne comprenais pas. Ma maman m’a acheté un épilateur électrique. Un qui-ne-fait-pas-mal. A utiliser sous les bras.
J’ai la chance d’avoir une peau assez foncée pour qu’on ne remarque pas les poils sur mes jambes. Ma petite soeur, d’une carnatation une teinte plus claire, s’épile régulièrement. Donc bref. Une histoire de poils.
J’ai des poils sous les aisselles, sur le nombril et sur le maillot. J’ai des poils que j’ai haïs et qui m’ont fait avoir honte. Honte de se mettre en maillot de bain en camp scout et d’avoir une nana qui remarque que « Cléa elle a pas de poils aux jambes mais elle a le nombril comme un garçon. » Honte du premier copain qui demande « Tu ne pourrais pas t’épiler en bas ? »
Les poils, le sexe et les garçons
By the way. Trigger warning pour mes jeunes lectrices. Ne-laisse-jamais-jamais-jamais un garçon te dire quoi faire avec tes poils. Point. Jamais.
C’était peut-être juste moi qui était parano mais je me souviens avoir fait milles recherches sur l’internet pour savoir si on devait s’épiler intégralement ou pas pour une première fois ou si c’était parce qu’on ne s’épilait pas qu’un partenaire refusait de faire un cunni.
Je me suis pris toute une floppée de remarques blessantes et humiliantes vis à vis de mes poils et de mes – rustres – partenaires sexuels.
Avant de me rendre compte qu’en fait ce n’est pas normal.
Ce n’est pas normal de faire quelque chose qui te fais souffrir juste parce que tu as l’impression que tu dois le faire. Tu ne dois rien du tout.
J’ai beaucoup remis en question mon rapport au poil.
Quand j’étais célibataire et que c’était l’hiver et que je pouvais calculer dans ma tête « Niiiice, ça fera au moins 50 euros d’économies par mois chez l’esthéticienne. »
Quand je crevais de peur parce que ça repoussait en poils incarnés moches et douloureux à des endroits improbables.
Quand je me suis aperçue que j’avais installé l’épilation intégrale par habitude alors que ça me faisait fichtrement chier juste parce que les esthéticiennes avaient tendance à pousser devant ma tête de chaton paumé que ce serait plus joli et plus agréable – wtf plus agréable pour qui ?
Je me suis aperçue que les poils, c’étaient dans la tête.
Je t’en parle assez souvent, j’ai tout plaqué pour aller vivre Finlande quand j’avais 18 ans. Je travaillais dans un ranch et j’étais jeune fille au pair. Ca coïncide exactement avec le moment où j’ai arrêté de porter des soutiens-gorges et où j’ai décider de fichtre la paix aux poils de mes aisselles.
Parfois il y en avait. Parfois il n’y en avait pas. Et c’était comme ça. Je n’en faisais plus une montagne. De toute façon en Finlande, par -30°C entre le foin et le vomi d’enfants, tout le monde s’en moquait, de mes poils.
Et j’ai rencontré des filles, des femmes tout comme moi qui assumait pleinement leurs poils. J’ai eu la chance de vivre, en rentrant sur Paris, avec deux colocataires incroyables qui affichaient fièrement leurs poils, même en été. Et ça m’a permis de relativiser.
Non parce que bon, honnêtement. Quand tu décides de ne plus porter de soutifs pour rien au monde. Finalement, au bout d’un moment, tu t’aperçois que pour les poils aussi le regard des autres est tout sauf important.
J’ai arrêté de me torturer le maillot
Je pense que j’ai été chez l’esthéticiennez pour la dernière fois il y a au moins trois ans. Un lieu un peu glauque en promotion sur Balinéa. Où je ne me suis jamais sentie aussi mal à l’aise, acculée et maltraitée. La cire et l’intégral c’était terminé pour toujours. Je taillais les bords religieusement à l’épilateur électrique et c’était tout.
Epilateur qui m’a lâché cet hiver pendant mon long voyage de 8 mois lorsque j’étais en Indonésie. La pluie, l’humidité, le voyage en soute. Et au milieu de la jungle, je n’allais pas du tout, du tout trouver de quoi m’épiler.
J’aurai pu me ruer sur un nouvel épilateur en rentrant en Australie. Oui mais non. J’ai fais beaucoup de recherches pour trouver une routine poils zéro déchet. Et en attendant, je n’allais pas me priver d’aller à la plage ou de rouler dans les bras de mon amoureux de Sydney pour deux trois poils qui sortaient du bas de mon maillot de bain.
Le monde entier s’en bat les reins.
Le monde entier peut parler comme il veut. Ca ne change rien.
Personne ne va mourir parce qu’iel voit tes poils.
La seule personne qui stress là-dessus, c’est toi même.
Mes poils. Une histoire d’acceptation.
A la question « Mais du coup tu t’épiles plus ? » je réponds souvent : « Quand j’ai envie. »
Et c’est tout.
Je m’épile quand je monte sur scène en effeuillage burlesque parce que j’aime les paillettes, et les strass et la lingerie fine et que c’est un univers à part entière.
Je ne m’épile pas quand je pose pour des nus en sculpture ou en peinture dans les écoles d’arts. Et tant pis pour les remarques – de plus en plus discrète – des élèves.
Je m’épile quand j’ai trop chaud et que mes propres poils m’ennuient et m’agaçent sous mes bras.
Je ne m’épile pas parce qu’on doit aller à la plage ou porter des petits tops ou des jolies robes.
Je ne revendique rien avec mes poils. Si ce n’est le droit d’être bien dans mon corps.
Beaucoup de gens font l’amalgame féministe-en-furie et poils. Je ne crois pas au diktat de la féministe poilue. Je crois qu’on pourrait juste nous fichtre la paix avec des injonctions sur nos corps.
Je ne suis pas en colère. Je demande juste qu’on me laisse tranquille. Qu’on nous laisse tranquille.
« Si mes poils ou mes seins libres te dérangent. Tu n’as qu’à regarder ailleurs. Et c’est tout. »
M’épiler… Je ne l’ai jamais fait faire par une autre personne que moi (#Teampudeur) donc clairement quand j’ai pas envie ou pas le temps et bien, c’est pas ma priorité. Maintenant attention, quand je trouve que y’a trop, je vire tout ça. Mais pas pour les autres. Pour moi. Parce que j’aime pas ça, et parce que c’est une excuse pour m’occuper QUE de moi pendant un heure. Et puis ça fait partie des habitudes pré-événements aussi. Juste avant une grosse soirée, un mariage, un voyage… parce que j’ai l’impression de me sentir toute neuve, toute nickel, et vu que personne ne le voit c’est là encore un petit plaisir coupable. Ce qui est important, c’est notre ressenti avec notre propre corps, personne n’a à dire ce qu’on « doit » faire avec. Je m’épile pour moi, et j’oublie parfois, et y’a pire dans la vie qu’un poil revendicateur.
Bien ouéj’ mon petit raton ! <3
Bonjour a toute
Voilà je m’epile jambe complète et maillot échancré et quand sa repoussé je suis obligé de mettre des pantalons jupe Longue etc …… Mais par ce temps 39 degré aujourd’hui j’ai hyper chaud j’ai envie de mettre des petite robe jupe mais avec mes poils j’ai TROP HONTE et regard des autres
Coucou Cléa Raton<3
J'ai beaucoup aimé ton article. Et aussi « Si mes poils ou mes seins libres te dérangent. Tu n’as qu’à regarder ailleurs. Et c’est tout. »
Je n'ai pas mis de soutien-gorge de tout l'été, et je préfère, même si on me fait parfois des remarques. Je verrais pour la rentrée (en 1ère).
Je ne me suis jamais épilée, bon je suis encore jeune mais pleeeein de filles le font. Pour l'instant, jamais eu de remarques. Personnellement, mes poils ne me dérangent pas du tout. Je n'arrive pas à trouver ça "sale" ou je ne sais quoi, d'ailleurs ça ne l'est pas. Et j'ai pas envie de le faire pour juste faire comme tout le monde. Sauf pour les bras, je rase un peu, quand j'ai envie. Pour la gymnastique, je préfère, surtout qu'on lève un peu tout le temps les bras.
Enfin voilà 🙂
Mais si un jour j'ai envie de le faire, je le ferai. Mais ENVIE. Pas parce qu'on m'oblige.
Bon après, je ne peux pas savoir comment je serais dans quelques années, mais je ne pense pas changer beaucoup d'opinion.
Des bisous doux raton<3
Un article qui fait du bien autant qu’il souligne que les femmes sont libres de disposer de leurs corps comme elles le souhaitent donc merci : ) !
Côté poil, norme sociale oblige, il m’a fallu du temps ne serait-ce que pour accepter le duvet de mes bras ! Quand j’y repense aujourd’hui… je trouve ça vraiment ridicule… Pourquoi je refusais d’accepter ce duvet alors même qu’en étant très brune et très pale de peau, cela était tout simplement … normal et naturel ! Bref, aujourd’hui j’épile certaines zones par choix personnel, comme le souligne un des commentaires, et je laisse vivre les autres tranquillement.
Je ne sais pas si tu connais le projet « Natural Beauty » du photographe Ben Hopper ? C’est un photographe de mode qui tente de casser les codes usuels de la beauté chez la femme, en prenant des amies, des actrices ou des modèles féminins, les bras en l’air 😉
Je ne connaissais pas du tout le projet Natural Beauty mais tu me donnes complètement envie d’aller y jeter un coup d’oeil !
Merci beaucoup, beaucoup pour la suggestion <3
Waouh ! Quel courage ! Bravo ! Cette tendance revient de plus en plus !!!
Je ne sais pas s’il faut parler de tendance, ou de prise de conscience, ou des deux, mais je suis super contente de m’apercevoir qu’il y a de plus en plus d’aisselles poilues chez les nanas
Ton article est top! Je me reconnais dedans, je suis pareille, je m’épile quand j’en ai envie, et je dois avoir de la chance mais ma moitié s’en fiche en fait! Parce qu’il ne confond pas manque d’hygiène et poils je pense haha.
Hahaha <3
Il n'y a pas que des rustres un peu obtus et habitués aux corps tout lisses. Ca me fait plaisir de lire ton commentaire ! - et de découvrir ton blog par la même occasion ^_^ -
C’est très bien d’avoir les idées aussi claires…J’avoue que ce n’est pas aussi facile pour moi. Autant, je ne me rase pas souvent (quand il fait beau à Bruxelles et encore) quand je suis célibataire, c’est tout à fait différent quand je suis en couple (depuis pas longtemps). Par contre, je ne laisserai pas un mec me dire que les poils de ma « forêt noire » (haha) sont trop longs et que je dois les couper ou les raser. ça m’est déjà arrivé je pense et je lui ai dit quelque chose: si ça te plaît pas, tu prends la porte…
C’est pas évident en couple c’est sûr. J’ai l’impression que c’est peut-être plus facile dans certains pays ou dans certaines cultures. Mais pour être rentrée sur Paris il y a peu, je m’aperçois qu’effectivement, il y a du boulot à faire en terme d’acceptation du poil féminin. Et hahaha, je comprends complètement ton point de vue face aux garçons. J’aurai tendance à faire pareil en cas de remarque.
Coucou Cléa ! Je découvre ton article grâce à celui de Nyméria. Je le trouve génial ! Et je suis totalement d’accord avec toi. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre tout ça, ça a pris du temps, mais je suis maintenant exactement de ton avis et je fais ce qui me chante quand ça me chante avec mes poils. Le fait d’avoir un super chéri m’aide beaucoup, je dois l’avouer. Je ne sais pas si je serai capable d’assumer pour le maillot si j’avais des rencards etc… Mais je sais qu’avec le temps, tout sera de plus en plus facile et ok pour moi. C’est génial de transmettre ce message ! J’ai vu que tu avais fait une vidéo aussi sur le Nobra. J’en ai justement parlé sur mon Instagram hier et je crois que je vais en faire un article de blog. Je vais aller voir tout ça. Merci en tout cas. Et dès que j’aurai un peu de temps, je viendrai visiter ton blog et lire d’autres articles, je suis certaine qu’ils me plairont ! 😺 A bientôt
Hahaha, je suis contente que tu connaisses Nyméria, j’adore ses articles ! Avec le temps, tout est plus facile, je suis bien d’accord avec toi.
Heureuse que de voir que ça t’a inspiré un article sur le no bra, c’est génial comme sujet ! Je suis toujours super contente de découvrir des copines blogueuses qui ont les mêmes intérêts que moi. Je t’envoie moult amour du coup. Et plein de bisous.
Moi, j ai 44 ans, et beaucoup d expériences sexuelles, et je prends beaucoup plus de plaisir charnel à me frotter à mon partenaire quand j ai mes poils d en bas non rasés. Alors, oui au plaisir d avoir des poils! D être à poils! Je m en suis aperçu à 38 ans. Ils servent nos poils!!!
Ravie que vous vous sentiez épanouie ^_^