
J’entends souvent des gens me dire « Oh. Tu voyage tout le temps, c’est génial. Moi, je ne pourrais pas. »
Et ça me fait bizarre à chaque fois qu’on dit cette phrase. Parce que je me souviens de moi aussi, à l’époque où je me disais que je ne pourrais pas. J’avais incroyablement peur de partir et je me posais plein de questions qui n’ont, rétrospectivement, aucun sens. Si toi aussi tu hésites à aller voyager seul, je te donne mes conseils. Voilà ce que j’aurai répondu à mon moi d’avant par exemple.
1) Je ne peux pas voyager seul.e parce que je ne sais pas ce que je vais faire sur place
Ca c’était moi, il y a deux trois ans, tétanisée à l’idée de passer trois jours toute seule à Mexico City. Alors oui, voyager, j’avais déjà fait. Mais c’était toujours pour trouver quelque chose sur place. Un.e pote. Un organisme de volontariat. Une famille d’accueil. Alors quand je me suis trouvée toute seule au Mexique pour les trois derniers jours de mon voyage, j’ai eu peur. J’ai eu peur à en crever et je ne savais pas du tout ce que j’allais y faire.
On est tellement habitués à suivre des autres ou des directives qu’on oublie presque le plus important : se suivre soi. Je me suis rendue compte que j’étais capable de taper la causette aux gens de mon auberge. Que j’aimais bien faire des musées, en fait, et qu’y passer une après-midi toute seule ça ne me dérangeait pas du tout. Que ce resto végane trop bon qui me faisait envie, je n’avais pas besoin d’attendre que quelqu’un veuille m’y accompagner. Que je pouvais y aller toute seule. Et ça m’a fait un bien fou.
Il y a TOUJOURS quelque chose à faire. Même se poser en terrasse et siroter un café en regardant la rue ou en lisant un bouquin c’est déjà quelque chose. Et si tu as besoin de liens sociaux, d’activités, je t’invite à lire le point 2.
2)Je ne peux pas voyager seul.e parce que je n’aurais pas d’amis
Je suis un peu traumatisée des années lycées où j’avais l’impression d’être une pestiférée sans potes. Personne avec qui déjeuner à la cantine. Personne avec qui buller à la récré. Personne pour vous inviter à des soirées. Et la perspective de voyager seule me renvoyait à cette même peur panique : celle ne pas être assez cool pour avoir des amis.
Alors déjà, on s’arrête tout de suite. Ca veut dire quoi la coolitude ? Ca veut dire quoi avoir des amix ? Est-ce qu’être déjà soi même saon meilleur.e ami.e c’est déjà pas énorme ? C’est peut-être un conseil tout bête mais plus tu t’aimes, plus tu vas dégager de la confiance, plus les gens viendront naturellement vers toi. Et en bougeant seul.e et en faisant les choses qui TE plaisent, tu vas tomber sur des gens qui partagent les mêmes centres d’intérêts que toi. Pas le/la premier.e péqunaud.e venu.e qui cherchent désespérément de la compagnie à tout prix.
Personne. Personne. Personne ne va te juger si jamais tu voyage seul.e. C’est toi qui t’auto-juge. A mon dernier séjour à Playa del Carmen, une enfant a demandé à ses parents en me voyant « Bah ça doit être triste dis donc de manger tout seul. Elle a pas d’amis la dame ? » et je lui ai répondu « Si, je voyage avec des amis que je ne connais pas encore. Je ne les ai pas encore rencontrés. » Et basta. Quelques heures plus tard, j’étais en train de jouer de la guitare sur un toit avec des potes rencontrés au hasard. Avoir mangé toute seule à midi n’avait absolument aucune importance – en plus c’était un resto végane. En plus c’était trop bon. En plus j’ai chipé des recettes.
3) Je ne peux pas voyager seul.e parce que si quelque chose dérape je serai sans défense.
Big up à mes parents qui se rongent le sang à chaque fois je fais mon sac. J’ai des remarques comme « Et si tu te fais kidnapper ? », « Ah mais là bas ils n’aiment pas les Noir.e.s c’est dangereux. », « Ils écrivent pas comme nous, tu pourras pas lire les panneaux. », « C’est pas un endroit safe. »
Bon, du coup, j’ai envie de dire : les endroits safes n’existent pas. C’est très relous, mais c’est comme ça. Tu n’es pas nécessairement plus en sécurité à minuit dans RER parisien qu’au fond de la jungle en Indonésie ou perdu dans le bush en Australie. Les risques sont grosso merdo les mêmes. Et ce n’est pas le fait de partir à deux, ou plus, ou de partir avec un garçon qui va agir comme un répulsif à risques. C’est toi, ton instinct, et ta capacité à réagir – et après coup au passage, ton assurance voyage. Qui peut aussi être très très utile.
Ca a l’air très simple dis comme ça et je préviens d’avance, ça ne l’est pas du tout. Mais au fond de toi, tu sais comment réagir. Tu ne sens pas cette auberge que tu viens de booker ? Change. Tu ne sens pas ce wagon pas trop rempli dans le train ? Change. Tu ne sens pas ce gars chelou qui ne veut pas te lâcher la grappe ? Change. Alors OUI il y aura des moments relous/dangereux. Mais tout pareil que si tu étais resté enfermé chez toi. Et tu as la capacité à te faire confiance, à évaluer une situation, à saisir les risques, à réagir. Comme une grande personne. Parce que tu es une grande personne. Arrête d’avoir peur.
J’espère que ces conseils te seront utiles. Quand je repense à tout ce que le voyage m’a apporté et à quel point il m’a fait grandir, je me dis que j’ai énormément bien fait fait de me mettre à voyager toute seule. Si tu as peur, poses-tes questions en commentaires. Tu n’imagines pas comme je serai ravie de te répondre et de t’aider du mieux que je peux.
Take care. Travel more.
Il m’est arrivé une fois de voyager seule, mais ce ne fut pas une expérience terrible… J’étais frustrée de voir tant de belles choses et de ne pas pouvoir les partager avec quelqu’un. Aurais-tu des conseils là-dessus? Ressens-tu ça aussi?
Coucou Anej,
C’est vrai, je te comprends. Voyager seule n’est parfois pas une chose facile et les moments où on aimerait bien pouvoir partager ce qu’on vit avec quelqu’un sont difficiles. Parce que même si tu croiseras quasi toujours des personnes avec qui entamer le dialogue, ça peut piquer de ne pas « faire partie d’un groupe », de sentir qu’on « squatte un peu l’amitié ». Et qu’on a des gens qu’on aime qui nous manquent et qu’on aurait aimé avoir à nos côtés.
Moi dans ces cas là, je me rappelle que je suis avant tout partie en voyage avec moi-même. Je me suis aperçue que sur bien des points, finalement, je ne me connaissais pas. Ou que je croyais me connaître et qu’en fait, pas tant que ça. Quand je voyage seule, c’est le moment de me dire « Hé. Regarde. Tu as fait ça. Tu es là. Tu as (âge) et tu es capable de faire ça. Tu en avais envie et tu y es. Tu es forte. Continue. »
Je ne sais pas si ce conseil pourra t’être utile, moi il m’a bien aidé.
Coucou Cléa !
Moi je t’admire. Parce qu’il y a certaines peurs que je ne pourrais pas surmonter. Ou du moins, à cet instant, je ne pense pas pouvoir. Mais en te lisant, ma petite voix me dit « tu vois toi aussi tu peux partir à l’inconnu ». Alors on verra. Étant en couple, je ne partirai pas seule en voyage. Mais l’aventure ne me fera plus aussi peur grâce à toi 💜
Toute belle <3
Chacun son rythme dans toutes les choses de la vie. Si toi aussi ta petite voix te titille, essaye donc de partir, l'espace d'un weekend, pas forcément loin. Une ville mignonne dans un pays limitrophe en Europe. Amsterdam, Berlin. Ou prendre un billet d'avion et partir une petite semaine. La Scandinavie est facilement accessible par les compagnies low-cost (je pense à la Suède et à Stockholm, parfaite pour un premier voyage dans l'inconnu, dépaysant et facile à maîtriser) ou le sud de l'Italie pour quelques jours en Sicile 🙂
Le plus dur dans l'aventure, comme pour plonger dans la mer, c'est le premier pas parce que l'eau est fraîche. Mais dès qu'on y est, on ne veut plus en sortir !
Merci pour tes encouragements ! Déjà je n’ai plus peur de dire oui quand on me propose des choses 😊. Des gros calins bisous.
Bonjour Clea,
Je flippe comme un malade car demain matin je prends mon avion pour cancun puis direction playa de carmen et tulum. Sauf que je vois que bcp de violences s’y passent… je suis a 2 doigts d’annuler mon départ.. En te lisant c’est un peu rassurant, mais sur le site de l’ambassade c’est hyper angoissant!!
Pourtant je suis un gars de 32 ans, mais c’est mon premier voyage aussi loin et tout seul, donc le flippe total!!
Je ne sais pas quoi faire… je comptais rester sur place au moins 1 mois car je n’ai pris qu’un aller simple mais visiblement je suis obligé de prendre le retour et là pour le coup je suis en totale reflexion…
Merci pour tes réponses et bravo pour ces articles !
Oh ! Eric, j’ai répondu aussi vite que j’ai pu – c’est le matin en Australie ici et j’ai délaissé mon latte à la noix de coco pour t’écrire une réponse fissa. J’espère que tu es déjà bien dans ton avion !
Ne panique PAS. Mais genre vraiment, vraiment, vraiment pas.
J’étais à Cancun l’été dernier. Et j’ai été au Mexique deux étés de suite pour plus d’un mois à chaque fois : ça va.
Je me souviens que j’étais exactement dans le même état que toi après avoir regardé le site de l’Ambassade – au bord des larmes, à me dire que c’était idiot, que j’allais finir kidnappée et pire et que je ne pouvais pas aller là bas.
Le Mexique est le pays le plus adorable que j’ai fais, je parle de façon sincère. J’y ai rencontré des gens absoluments merveilleux et à aucun moment je ne me suis sentie en insécurité. A Playa del Carmen, j’ai entendu parler d’une agression par balle. Une seule fois. Et avant même que la police ne soit sur le terrain, absolument tous les expats étaient au courant et le mot s’était diffusé comme une trainée de poudre » Ne sors pas ce soir pour aller à (nom du quartier), a priori ce sera pas safe ».
Il y a une solidarité incomparable, vraiment. Souvent, ce seront les locaux qui te demanderont où tu vas et qui te diront « Ah non, là ça craint. Va plutôt là-bas ». Il ne faut pas avoir peur.
En règle générale, je te dirai d’éviter Cancun qui est un nid à touristes en ce moment. Playa est souvent plus tranquille. Surtout si tu vas dans le sud de Playa qui est complètement différente du Nord.
J’avais écrit un article l’année dernière sur mon voyage au sud du Mexique. Il n’est pas très organisé mais j’espère qu’il pourra t’être utile ! http://raton-reveur.fr/voyage-au-sud-du-mexique/
Peut-être que comme toi, avant, je me posais toutes ces questions. Mon accident a au moins eu cet avantage là de me faire aborder certaines choses en mode « Carpe Diem » et « Advienne ce que pourra ». Parce qu’on a qu’une seule vie. Et que je préfère la perdre trop tôt en faisant ce qui me fait rêver, que tard sans rien avoir accompli de ce que je voulais.
Merci de votre récit. Je préfère de partager les moments incontournables avec ma famille ou mes amis, c’est beaucoup plus mieux. Cependant, voyager seule est une expérience exceptionnelle pour moi, tant de choses à préparer et aucun ne m’aide quand je voyage tout seul. Mais peut-être, grâce à cela, je pourrais avoir de nouveaux amis, et des mémoires inoubliables. Ce n’est pas une mauvaise idée.
Je valide à 1000% !
Mes grand-parents ont eu 4 enfants, mais ma mère est la seule qui en ait eu à son tour; et la fratrie étant plutôt unie autour des parents; on peut dire qu’avec ma soeur, on a été plus que choyées.
Mais quand on est les petites filles adorées; ce n’est pas facile de dire « hey, je suis adulte maintenant ».
Mais j’aimais les voyages, et grâce à mes études de commerce international, j’ai eu de belles opportunités de stage à des milliers de kilomètres de chez moi dès la première année.
Et c’est ça qui m’a permis de grandir, de devenir adulte, dêtre moi, sans mes amies d’enfance, sans fard. Et c’était merveilleux; cette liberté, tous ces possibles parce que j’étais loin de chez moi…
Je le recommande au moins une fois dans une vie.