PTSD

Viens, on va parler de PTSD et de mécanisme de protection.

Je ne sais pas toi, mais moi je suis souvent agacée par le manque de compréhension de comment comment fonctionne un traumatisme et de ce qui crée un syndrome de choc post traumatique (PTSD). On peut vivre des traumas sans développer de PTSD.

Qu’est-ce qu’un traumatisme ?

Le trauma c’est en gros, quand face à une situation donnée, le cerveau bug.

Il te croit en danger de mort et il va sécréter beaucoup d’hormones dont du cortisol et de l’adrénaline. Ca arrive quand tu as failli mourir ou que tu penses que tu as failli mourir ou que tu as vu quelqu’un.e qui va failli mourir.

Comment le corps réagit en situation de stress

L’adrénaline fait que ton coeur bat plus vite, ton système digestif fonctionne au ralenti, tu perds moins de sang si tu es blessé, le cerveau est moins alimenté en sang également.

Ton néo cortex, la partie rationnelle de ton cerveau, celle qui sait faire des calculs et des raisonnements logiques poussé tombe en panne. C’est le cerveau reptilien, la part instinctive qui s’occupe de la digestion, de la respiration, de toutes les choses un peu « automatique » qui prend la relève.

Tu ne peux pas réfléchir. Ce qui fait que parfois tu as des réactions qui ont l’air d’être très bêtes. Et en fait, c’est NORMAL.

Le surplus d’adrénaline, une réaction normale

Ton corps te prépare à deux choses : combattre ou fuir. Tout ton corps est prêt en mode automatique. Et si tu arrives à faire l’un ou l’autre, l’information va être intégrer la mémoire normale et être digérée très vite.

Un peu comme les biches après une grosse course poursuite quand elles pensent qu’elles vont mourir mais qu’elles arrivent à s’échapper. Elle tremble de tous leurs membres et se secouent pour faire partir les résidus d’adrénaline puis reprennent leurs vies tranquillement.

Le traumatisme quand la situation devient anormale

Parfois tu ne sais pas combattre ni fuir. Ce n’est pas possible.

Le cerveau reptilien réagit méga vite puisque son rôle c’est de te garder en vie. Ton niveau d’adrénaline augmente et devient toxique pour le corps. Le cœur bat trop vite, le cerveau est mal approvisionné. Il faut faire quelque chose sinon tu risques de t’empoisonner à l’adrénaline et mourir. Alors la meilleure chose que peut faire ton cerveau à ce moment là, c’est de te shut down. Un peu comme un ordinateur qui fait ERROR 404. Et tu dissocies.

Comprendre la dissociation traumatique

Quand tu dissocies il se passe plusieurs choses : tu es là, mais tu n’es plus vraiment là.

La scène qui se passe à l’air d’être très loin, ou tu peux avoir l’impression de la voir comme si tu étais en dehors de ton corps. Parfois tes sens se coupent, tu n’entends plus rien, tu ne sens plus rien.

Les souris dissocient quand elles se font attraper par les chats. Elles « font les mortes » et elles ne sentent plus rien du tout. » C’est la dernière option qu’as ton cerveau pour te protéger. Si jamais tu dois mourir, comme tu es dissocié, au moins tu ne vas pas souffrir.

Le rôle de la mémoire traumatique

Et tout ce qui se passe pendant ce moment là n’est pas assimilé par la mémoire normale mais par la mémoire traumatique. C’est une sorte de boîte noire qui récupère les sons, les bruits, les odeurs alors que toi tu ne sens peut être plus rien du tout parce que tu dissocies.

Que se passe-t-il après une dissociation ?

Parfois (heureusement !) tu ne meurs pas. Et tu finis par sortir de dissociation quand le danger est parti. Tu peux avoir l’impression qu’il ne s’est rien passé. Ou qu’il s’est passé quelque chose mais que tu n’es pas sûre. Ou tu peux raconter des trucs ultra trash qui se sont passés mais n’avoir aucune émotion associées. C’est NORMAL. Parce que tout ça est dans ta mémoire traumatique. Ton néo cortex (la partie rationnelle du cerveau) n’y a pas accès et fait comme s’il ne s’était rien passé.

Le réveil de la mémoire traumatique

Sauf que toutes les émotions, toute la montée d’adrénaline sont prisionniers de la mémoire traumatique. Et parfois elle revient sans prévenir. C’est ce qu’on appelle des triggers ou des déclencheurs. Si tu entends un bruit, si tu sens une odeur, si tu vois une silhouette ou si whatever random truc te rappelle la scène traumatique, ta mémoire traumatique revient aussitôt.

Ton cerveau rejoue la scène. Même s’il n’y a aucun danger à l’horizon. D’où le fait que tu puisses avoir des comportements intenses ou bizarres que toi même tu ne comprends pas.

Ca c’est un PTSD. Un syndrome de choc post traumatique.

Les boucles d’évitement du syndrome de stress post traumatique

Le trauma n’a pas été assimilé par le système nerveux et il revient dans ta vie sans prévenir.

Du coup, tu vas avoir tendance à faire de l’évitement (éviter certaines personnes, certains endroits ou certains trucs qui activent ta mémoire traumatique) et faire moins de choses dans ta vie.

Lorsque que tu es exposé à un élément déclencheur trop longtemps, ton cerveau boucle. Tu génères de l’adrénaline, à un trop haut niveau ça devient toxique et tu re-dissocie, ça retourne dans ta mémoire traumatique.

Mais plus tu évites les éléments déclencheurs, plus ils prennent de la place et plus les crises peuvent être intenses. Et même des années après, la mémoire traumatique peut se réveiller alors que l’événement en lui même est fini depuis longtemps.

Bref, ça c’est un PTSD et c’est très, très, très difficile.

Comment soigner un PTSD ?

Toutes les approches de psychotraumatologie essayent de vider la boîte noire de la mémoire traumatique. Parfois avec des mots (psychothérapie classique). Parfois avec le corps (somatic experience, EMDR etc…) Il n’y a pas UNE méthode miracle. Il y a des techniques qui prennent du temps, qui sont plus ou moins efficaces ou en phase avec toi.

Les limites du développement personnel dans la prise en charge du PTSD

Le PTSD est un vrai trouble mental qui est répertorié dans le DSMR. Les cailloux magiques, le développement personnel et le coaching ne sont que des rustines. Pour sortir du PTSD il faut vider la mémoire traumatique d’une façon ou d’une autre. Tisanes, huiles essentielles et méditations peuvent apaiser sur le moment, mais ça ne pas aider à vider la mémoire traumatique.

Je te dis ça parce que j’ai personnellement essayé pendant des années et j’aurai aimé qu’à un moment, quelqu’un m’attrape par l’épaule et me dise que j’avais une « vraie maladie psy », que c’était ok mais que ça n’allait pas guérir tout seul. Sinon c’est comme essayer de soigner une jambe cassée avec des clous de girofle ou des huttes de sudation. C’est sympa, mais ce n’est pas le plus efficace.

Si tu souffres, n’attends pas d’être au bord du gouffre pour demander de l’aide.

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