
Comment devenir digital nomade ? Tu te pose la question encore et encore depuis que tu as vu je ne sais quel bloggeur te parler de ses vacances au soleil quand il te disait que depuis qu’il avait tout plaqué pour vivre au Brésil en vendant du macramé, sa vie avait changé ? Et qu’en plus avec le digital marketing il pouvait faire des missions du bout du monde ? Du coup, tu t’es dit » Oh. Mais pourquoi pas moi ? « . Doux raton, je t’explique pourquoi tu ne peux pas devenir digital nomade.
Je suis pour l’indépendance par internet
Je suis persuadée qu’être indépendant permet d’ouvrir de magnifiques opportunités et que tout le monde gagnerait à se projeter dans une carrière de freelance. J’ai commencé quand j’avais 18 ans. Aujourd’hui j’en ai 22, je gagne très facilement au moins 2000 euros par mois. Je peux travailler du bout du monde, comme je veux, tant que j’ai une connexion internet. Et tu me trouveras souvent en chemise de boyfriend trop grande en train de tapoter joyeusement sur mon mac en regardant un levé de soleil d’une plage paradisiaque*
Oui mais.
J’ai aussi conscience que non, ce n’est pas donné à tout le monde.
Il ne te suffit pas d’en avoir très envie pour devenir digital nomade. A chaque fois que je vois quelqu’un qui me dit qu’il adorerait se lancer et quitter son boulot pour voyager au bout du monde en gagnant de l’argent, je trouve ça chouette. Mais quand la personne me dit qu’en fait, elle a envie de monter un blog et d’être payée pour ça / de vendre une formation miracle qui lui rapportera plein d’argent / de lancer son business dans les-petites-musareignes-qui-n’intéressent-pas-les-investisseurs-capitalistes / d’être sponsorisé par je-ne-sais quelle asso ou fondation. Et bien ça me fait mal. Ca me fait putain de mal parce que je n’ai pas envie d’être la personne qui dira.
« Hey Mireille. C’est beau ce que tu dis. Et il faut croire en ses rêves. Mais là, ton projet, c’est pas prudent. »
Devenir digital nomade demande de vraies compétences
En tout cas, à chaque fois que tu vois un gars trop heureux sur une vidéo Youtube qui te parle de sa vie de rêve. A chaque fois que sur Insta j’envoie des photos de moi à l’aéroport qui kiffe rendre un projet entre deux avions. J’ai aussi envie de dire » On ne fait pas joujou avec l’internet. En fait derrière, il y a de vrais clients. De vraies compétences. Du vrai argent. Oui on travaille et on a des comptes à rendre avec une entreprise. »
Je suis consultante en storytelling. Ce qui veut dire que je passe mes journées à produire du contenu, réfléchir à des stratégies de communications et faire plein de machins pour des projets parfois intéressants, parfois non. J’aime mon boulot. Mais j’ai aussi conscience que ce boulot est un boulot comme un autre. Que même si oui c’est facile de devenir freelance pendant ses études, ça demande de l’investissement et du savoir-faire qui ne sont pas dans une pochette surprise. Il y a des études pour ça.
Alors oui, tu peux acheter une formation sur les clés du webmarketing pour 100 dollars en ligne et lire plein de bouquins d’entrepreneurs qui ont réussis et qui te disent que l’essentiel c’est d’y croire. Tu peux aller t’inscrire sur Hopwork et être content quand tu décroches un premier contrat à 20 dollars. Ou sauter de joie quand ta carte postale s’est vendue sur Etsy. Mais s’il te plaît. Si tu as un boulot. Si tu as un train de vie. Ne claques pas tout comme ça pour suivre tes rêves. L’argent ne tombe pas du ciel. Vraiment.
Etre digital nomade, c’est facile ?
Oui. MAIS seulement et si seulement tu sais ce que tu fais et où tu vas. Seulement si tu as un plan et des économies. Seulement si ça marche déjà à la maison. Parce que ce n’est pas une fois lancé sur les routes que comme par magie tu vas trouver des clients et de l’argent. Ce n’est pas non plus parce que des gourous de l’internet t’ont promis que si tu achetais leur formation, tu va gagner plein de sous. NON. Les gens pour qui ça marche, en grande partie, c’est que c’est un boulot et des compétences qui fonctionnent déjà.
Personnellement, avant d’aller joyeusement vadrouiller en Australie, au Japon, en Indonésie, au Canada et toutes les aventures que tu as suivi sur Insta, je savais déjà que ma carrière de freelance roulait toute seule à Paris. J’ai juste envoyé un mot à mes clients pour dire » Hey. Je change de timezone. Le projet sera rendu vendredi soir. »
Je ne te crois pas Raton.
Tu n’es pas obligé de me croire. Par contre, pour une fois, je peux te parler de chiffres. Parce qu’en vrai, j’en ai marre de voir des petites loutres se péter les dents à chaque fois que je suis au bout du monde. Marre de voir des gens sympas vivre dans leurs rêves et faire milles plans sur la comète. Parce que quand je les retrouve, souvent je vois : des cernes, des regards désabusés et un grand sentiment de vide. J’aurai eu envie de leur dire mon expérience un peu.
WARNING : Je suis étudiante en Master de management numérique, hein. Donc je fais tout ça en parrallèle de mes études principales. Parce que c’est marrant.
Tous les mois en tant que freelance, je gagne entre 1500 et 3000 euros.
Ca dépend de ce sur quoi je travaille et de combien de temps j’ai envie de travailler. J’aime mon boulot donc c’est du temps qui ne me dérange pas. Mais c’est du temps. Je te dirai qu’il ne se passe pas une journée sans que je sois en train de griffoner un truc / répondre à quelqu’un. Et en vrai je panique un peu quand je n’ai pas accès à mes mails. Mais ça c’est parce que je suis accro à mon boulot.
On me demande pour qui je travaille ? Pour plein de monde. Prêt à Pousser, Engie, BCP Banque, plein de moyennes et petites startups, plein d’agences, plein de clients avec qui j’ai signé des clauses de confidentialité qui m’empêchent de m’étaler ici.
Depuis le lancement de Raton Rêveur j’ai gagné 200 euros.
Voilà. Et encore. C’est parce que je compte large. Dans ces 200 euros, il y a les deux trois cadeaux qu’on m’a offert en tant que blogueuse, un petit peu d’affiliation. Et c’est tout. Après, je ne fais pas ce blog pour gagner de l’argent hein. Mais somme toute, si tu as envie de céder aux sireines des formations pour bloggueurs qui te disent » Viiiiiens avec moi, tu seras riche ». Je te le dis. Raton Rêveur ne me rend pas riche. Raton Rêveur me fait même dépenser 10 balles par mois en hébergement de site internet. Et le contact avec des marques est juste stressant.
Avec ma formation Devenir Freelance Etudiant, j’ai gagné 150 euros.
Ce qui est peut-être une victoire étant donné qu’elle existe depuis le mois de septembre. Mais là encore. Vendre une formation sur le net. A moins de t’y prendre comme un gros bourrin. Ca ne te rendra pas riche tout de suite. Moi j’ai suivi celle de Jumpcut Academy. Et à mon avis, c’était marrant et une chouette aventure, mais j’ai vite demandé un remboursement, parce que mettre 800 balles dans une formation comme ça, ça n’en vaut pas la peine.
Et après ?
Pour le moment je suis en Master, donc un peu bloquée à Paris. Plus tard j’ai envie de continuer à vadrouiller un peu un petit temps avant de me poser dans une vie d’adulte. Mon revenu me permet de bouger à l’étranger et de passer toutes les formations qui me font plaisir, parce que je trouve ça marrant. En ce moment, en parrallèle de mes études principales, je finis mon diplôme d’hypnothérapeute. Et je vais passer mon équivalence de licence de Français Langue Etrangère (aka, devenir prof de français à l’étranger). Demain, j’aimerai aussi faire une formation d’acteur. De professeur de yin yoga. De doula. Et de tous les trucs alternatifs-cools-qui-me-font-envie. Ce ne sont pas vraiment des métiers que j’ai envie de faire pour gagner de l’argent mais des choses qui me plaisent et que je veux savoir faire avant de mourir. Et des compétences utiles pour switcher d’un environnement à l’autre et ne jamais se lasser dans une routine.
Donc doux raton : te lancer dans ton rêve. Oui. Devenir digital nomade. Oui. Mais s’il te plaît. Si tu le fais. Ais un plan qui fonctionne. Ne te lance pas à l’aventure tête baissée.
*ça c’était la description cool. Je suis aussi souvent chez moi tôt le matin ou tard le soir en pyjama avec des crakers véganes. Ou le dimanche dans des cafés en priant qu’il y ait du wifi. Ou entre deux cours, planquée dans une salle. En fait, toutes les fois où j’ai du temps libre, un truc bip dans ma tête en me disant « Mais hey, tu pourrais pas travailler là ? »
C’est intéressant et ça fait du bien de lire un avis réaliste et un peu à contre courant… ! De manière générale être en free lance ce n’est pas adapté à tous les métiers ni tous les caractères, et dans certains domaines c’est beaucoup d’angoisse pour des micro revenus (je pense aux artistes, parfois aux graphistes, aux traductrices, etc). Ça s’évalue par rapport à plein de critères autre que l’envie de pouvoir être mobile… Et beaucoup de gens fantasment aussi une sorte d’indépendance totale alors que bon, quand t’es indépendant, dans bien des cas ton client est aussi ton patron ! Et tu es ton propre manager…
Merci pour ton commentaire Irène !
Je pense que c’est comme tout, il y a des filières où il y a parfois plus d’offres que de demande, et à moins d’être très doué ou d’avoir une personnalité originale, on est facilement interchangeable. Je connais des graphistes et des traducteurs avec des revenus très confortables. Je pense que l’indépendance a ses hauts et ses bas. J’aime beaucoup ce que je vis parce que je suis jeune, sans pression d’avoir une famille ou des charges trop importantes. Je pense que pas mal de freelance ou de digital nomads finissent par se ranger dans des entreprises en vieillissant.
Décidément j’adore toujours autant lire tes articles, quel que soit le sujet. Mais pour ce qui est du freelance, tu as vraiment l’art de mettre la réalité en face tout en réussissant à rester motivante. Je lis beaucoup d’articles comme quoi oui c’est génial mais c’est du boulot mais ça s’arrête là, alors que dans cet article je peux vraiment m’y projeter. Je viens de finir mes études donc je suis dans cette parenthèse où tout est possible et il y a tellement de voies dans lesquelles se lancer et entre lesquelles choisir que c’en est paralysant. Mais j’aime lire que tu fais ton boulot de freelance en parallèle de tes études et que dans le même temps tu peux voyager et faire toutes sortes de formations. Ca fait du bien de lire qu’on peut, en fait, acquérir une compétence parce qu’elle nous intéresse, parce qu’elle nous fera évoluer, et pas parce qu’on en aura besoin pour se payer à manger et payer le loyer. Keep up the good work 🙂
Rhooo ça me touche Sarah <3
Je trouve que la vie a un côté magique quand on se rend compte qu'on peut vraiment tout faire. Les seules limites sont celles que nous nous posons tout seuls !
Excellent article à contre-courant de tout ce qui se dit !
Je le trouve très réaliste, avec juste assez d’humour pour faire un article très harmonieux.
J’ai 45 ans, un fils de 19 ans et cela fait 18 ans que je rêve d’être indépendante. J’ai commencé des trucs, me suis interrompue, en ai commencé d’autres, ai dépensés des milliers d’euros en formations que j’ai plus ou moins suivies. Depuis un an, j’ai choisi de devenir rédactrice web freelance, grâce à la formation de Patrice de Famille Nomade Digitale, un gars vraiment sérieux, pas cher au regard de ce qu’il offre et il offre vraiment TOUTES ses connaissances et elles sont vastes ! Il est très généreux et très humain, nullement marketeur et c’est parfait comme çà. Bref, j’ai commencé il y a 3 mois sur la plateforme 5euros mais ça démarre très doucement, bien trop doucement à mon goût. Je dois être patiente et continuer à me former car Patrice donne des conseils judicieux et très concrets.
Je suis salariée à plein temps depuis 2 ans et demi (un record pour moi qui changeais sans arrêt de job, toujours insatisfaite et à rêver à mieux !), ça se passe bien et je suis bien payée. Je ne ferai pas l’erreur comme j’ai fait il y a 6 ans de quitter mon boulot pour essayer de gagner ma vie en indépendante. Que nenni. D’abord, je gagne ma vie comme freelance, et ensuite je quitte mon boulot.
Tu as tout à fait raison. Etre freelance nomade digitale, ce n’est pas donné à tout le monde car tout ne s’y prête pas ni tous les tempéraments. Et c’est un vrai travail. C’est juste qu’on peut travailler de n’importe où et moi, c’est vraiment, vraiment ma recherche depuis 18 ans, avant que le terme de nomade digital apparaisse sur le marché. Et quand je l’ai découvert, j’ai dit : ça c’est pour moi.
J’aurai sûrement de nouvelles idées, opportunités qui se présenteront à l’avenir, mais pour l’instant, je vise cet objectif d’être rédactrice web freelance et un des secrets pour gagner sa vie sur internet, c’est d’aller au bout d’un projet, sinon comment savoir s’il fonctionne ou pas ?
Je m’étais fixé d’être ND au 1er janvier, il y a 5 mois. Hum, je vais devoir repousser l’échéance au 1er septembre. Ensuite, je partagerai ma vie entre la France, le Brésil et quelques séjours partout dans le monde.
Je te réponds très très tard et j’en suis désolée. Je comprends ton point ! Je pense qu’il faut se lancer, bien sûr et ne pas avoir peur de le faire. Mais il faut aussi savoir rester lucide sur les opportunités qu’on va avoir et celles qu’on va laisser derrière soi.
Je te souhaite la bienvenue dans l’univers de la rédaction ! Si tu as besoin d’un coup de pouce, n’hésite pas à me mailer ton portfolio. Je pourrai le transférer à mes clients qui cherchent parfois des profils plus juniors 🙂
Super intéressant ton article !
Ca fait du bien quelqu’un qui dépeint pas la vie de nomade digital comme facile à atteindre avec une formation magique. Après justement concernant ces sites/blogs/formations, s’ils insistent sur le côté « toi aussi tu peux le faire » c’est bien parce qu’ils ont quelque chose à vendre derrière !
Toi tu vends rien dans ton article et t’es sincère !
Et au moins ça remet les pieds sur terre. Bon j’avoue ne pas vraiment faire ce que tu conseilles : je me suis lancé y’a peu en indépendant et en janvier je pars en Thaïlande alors même que je n’ai pas encore un business qui tourne. Pas très sérieux ou en tout cas risqué, mais j’ai déjà construit quelque chose alors j’ai confiance. Alors tu le dis bien il suffit pas d’y croire, mais sans y croire on est certains de pas y arriver ! Mais je pense avoir suffisamment de compétences, on verra bien si ça marche !
Mais je me demandais : tu bosses combien d’heures par semaine sur tes projets free-lance ? Parce que comme toi j’ai un blog et souhaite faire de la rédaction free-lance à côté pour avoir un minimum de revenus.
Si tu y crois, alors c’est l’essentiel <3 Tu as les réponses à toutes tes questions au fond.
Ici, je ne sais pas combien de temps je travaille par semaine. Je n'ai jamais compté. Je pense que j'aime sincèrement travailler et que ça ressemble à mon petit plaisir de la journée. Si je fais une approximation, les grosses semaines ça peut être 15h. Les petites, à peine 5. Je n'ai pas de semaine type. Je travaille quand j'en ai envie, selon ce que j'ai envie de gagner.