raton reveur blog désolée d'etre vegane
Oh sweet love,
Je suis désolée de t’agacer avec mes choix alimentaires.
Je suis désolée que tu ne comprennes pas.
Je suis désolée de te voir faire souffrir des êtres conscients à chaque fois que tu ouvres ton frigo.

J’ai mal.
J’ai mal pour eux à chaque fois que je te vois mettre quelque chose dans ta bouche.
J’ai mal pour moi parce qu’on n’arrive plus à se comprendre, plus à se parler, plus à s’entendre.
J’ai mal pour toi. Parce que tu ne te rends pas compte.

Je me souviens ne pas m’être rendue compte. Avant. Je ne te jetterai jamais la pierre de ne pas savoir.
Je me souviens aussi ne pas pouvoir faire machine arrière. Et je t’en voudrais de savoir et de ne pas vouloir comprendre.

Je m’étais promis de jamais t’embêter avec mon véganisme.
Seulement voilà, mon chat, c’est pas contre toi.

C’est vraiment pas contre toi. C’est pour eux que je fais ça. C’est pour tout ceux qui ne peuvent pas parler. Ceux qu’on ligote, ceux qu’on enferme, ceux qu’on tue dans le silence. Ceux qui hurlent dans le sang. Ceux qu’on laisse croupir dans leurs excréments. Ceux qui ne veulent pas mourir.

Je ne sais pas comment t’expliquer que j’ai le coeur qui saigne, que je suis littéralement écorchée vive, que je suis entourée de cadavres tous les jours et que ça me donne juste envie de rouler dans un coin et pleurer. Que pleurer pour ça c’est mal vu. Pleurer pour ça, tu n’as pas le droit de le faire. Les gens ne comprennent pas. Ne veulent pas comprendre. Te rejettent.

Vous ne devez pas être des monstres. Je dois rester ouverte aux autres et vous devez continuer à me montrer votre mort complaisante de partout. Tourner la tête, ça veut dire être sensible. Hurler dans la rue, ça veut dire être hystérique. Montrer la réalité, ça veut dire être violent.

J’ai le droit de rien. A part me taire et pleurer à l’intérieur.

Non mon doux loup, je suis désolée. J’essaye tu sais. J’essaye vraiment de rester forte. De me rappeler que tu es quelqu’un comme moi, et que même si tu manges des morts, c’est parce que tu ne sais pas. Que quand j’essaye de t’expliquer, tu ne veux pas entendre parce que j’ai fais pareil il y a quelques années. Qu’il faut rester patient, bienveillant, gentil. Te faire cheminer à ton rythme. Te laisser le temps. Que ça viendra peut-être. Ou peut-être pas.Sans vouloir être anthropo-centrée, j’ai envie de te dire que c’est difficile. Que ça, ce mal-être au quotidien, je ne peux pas en parler à un psy. Pourtant c’est là, absolument partout, tout le temps. Je te vois manger de la mort et sourire. Et moi ce que je vois, c’est des cris, c’est du sang, c’est de la torture, c’est de la violence. La mort gentille n’existe pas.

J’aimerai te montrer ce qu’il y a dans ma tête.

J’aimerai te supplier de ne faire ne serait-ce qu’une journée dans un refuge, dans une ferme, dans un ranch. N’importe où. Mais de les voir. De les toucher. De les sentir. De les observer pendant plusieurs heures. Puis de regarder la fin.Merci à tous ceux qui sont véganes, que je connais ou que je ne connais pas encore et qui essayent d’oeuvrer aussi à un monde meilleur. Que tu sois militant dans les abattoirs, dans la rue, au boulot en amenant cette part de cake végétal pour montrer à tes collègues que non, ça change rien. Chacun à sa manière, on essaye d’informer.

Merci à tous ceux qui sont végétariens et qui sont en transition. Qui comprennent, qui ont envie de comprendre. Le plus dur est à venir. Tu rencontreras des maladroits dans les deux camps. C’est déjà merveilleux le chemin que tu fais.

Merci à tous ceux je connais qui sont devenus véganes.

Mon coloc discret et bienveillant qui a toujours préparé des alternatives végétales de nos plats à partager, sans jugement, mais sans vouloir entrer dans le débat non plus. Mon compagnon de voyage allemand carniste et fils de fermier. Vous m’avez fait pleuré de joie en me l’apprenant. Sans jamais rien forcer. Tout doucement. C’est un message reçu des mois ou des années plus tard. Des mots qui disent « Cléa, j’ai réfléchis, c’est officiel. Je suis désolé de ne pas avoir fait ça plus tôt. »

Merci à ces filles en Finlande qui étaient végétariennes et qui ont été les premières à me faire me questionner pour de vrai. Merci à ce pêcheur en Italie qui m’a fait prendre conscience du problème de la sur-pêche et à celui en Finlande qui, sur la banquise, a tué au harpon sous mes yeux. Merci à cette végane en Espagne qui m’a définitivement fait arrêter le fromage. Merci à tous ces gens rencontrés sur ma route qui ont pris le temps de laisser de la place à ma gêne et maintenir le débat. Parce que c’est peut-être la chose la plus importe. Ne pas avoir honte de ce qu’on fait. Continuer à en parler. Avec bienveillance, avec douceur. Mais continuer.

Merci à toi de lire cet article.

J’aimerai te dire que je suis désolée de t’agacer avec mon véganisme. Mais je ne le suis pas au fond. J’espère que tu changeras.

Je te le met là, c’est le lien d’une vidéo qui m’a inspiré cet  article aujourd’hui. Je te promets qu’il n’y a pas d’image de boucherie. Ce n’est sans doute pas la meilleure méthode de militantisme mais elle montre les étapes de démantèlement de la dissonance cognitive. Enjoy.

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