Qu’est-ce que ça veut dire être une doula inclusive et avoir un accompagnement militant ?
Comprendre les différents systèmes d’oppression
Dans la vie, tout le monde n’a pas les mêmes avantages.
J’aime particulièrement cette vidéo pour en parler.
Que se passe-t-il dans la vidéo ? On voit des gens partir de la même ligne. Mais à chaque désavantage (oppression) ils doivent reculer d’un pas. Et à chaque avantage (privillège) ils avancent deux fois plus vite.
Les systèmes d’oppressions c’est comprendre que certaines personnes ont des désavantages systématiques dans la vie. C’est injuste. Et ce n’est pas parce que toi tu enlèverais volontiers le désavantage à la personne que tout le monde le fera. Ce n’est pas interpersonnel, c’est global, systémique. Etre une doula inclusive, c’est avant tout avoir conscience des oppressions systémiques.
Approche centrée sur la personne et doula inclusive
Lors de ma formation d’hypnothérapeute et de doula, j’ai appris une méthodologie principale : celle de Carl Rogers et l’approche centrée sur la personne. L’approche centrée sur la personne, ça veut dire le client possède en lui la solution à son problème ainsi que les ressources nécessaires pour le résoudre.
Néanmoins, ça ne suffit pas toujours lorsqu’on a pas soi-même conscience de ses propres biais.
Un biais, c’est le fait de ne pas avoir les désavantages (oppressions) que vivent une autre personne.
On peut vouloir avoir une approche profondément empathique et pourtant être très maladroit.e parce qu’on a pas conscience des oppressions systémiques.
Exemple de situation de biais n°1
Par exemple, dire à une personne en post-partum « Vous avez toutes les clés en vous pour prendre du temps pour vous, pourquoi pas un bain ? » alors qu’elle est dans une situation de pauvreté et qu’elle n’a pas de quoi payer une baby sitter, ni de baignoire chez elle, c’est maladroit. Ajoutez à cela d’autres oppressions qui peuvent s’empiler. Par exemple, peut-être que la personne n’est pas citoyenne du pays où elle réside et que c’est très compliqué pour elle de faire les papiers à la mairie suite à la naissance, peut-être que parce qu’elle a du mal à parler la langue on va se moquer d’elle et ne pas la prendre au sérieux, qu’on va mal lui parler et que la procédure lui aura pris 3x plus de temps qu’à une autre personne. Bein le bain, c’est le cadet de ses soucis.
Même si on est probablement très empathique en lui proposant ça.
Exemple de situation de biais n°2
Autre exemple, vous accompagnez en prénatal une maman non binaire qui est toujours en costume. Et vous lui dites que « Sa grossesse est magnifique et qu’elle pourrait mettre des vêtements pour être plus confortables, par exemple des robes». Peut-être la personne vit une dysphorie de genre considérable au quotidien, qu’iel ne sait plus comment s’habiller et que ça la saoule l’attitude des gens avec ellui Ajoutez à cela le fait qu’elle a peut être eu des TCA dans sa vie à un moment et que voir son ventre s’arrondir lui provoque des angoisses mais qu’iel ne peut plus prendre de traitements médicamenteux contre l’anxiété car pas compatible avec sa grossesse, et tout le monde lui dit que c’est dans la tête, qu’iel devrait être « plus positif, que c’est pas grave l’apparence qui change etc… » mais qu’en fait iel est en PLS.
Etre une doula inclusive ce n’est pas devenir une personne parfaite
Personne ne vous en voudra si vous conservez des biais. Tout le monde en a et c’est normal.
Le plus important, c’est de prendre le temps de les observer quand on vous fait la remarque et d’essayer de les déconstruire.
Le piège de la pureté militante
Il y a une expression qui désigne le fait de vouloir être parfait.e en terme de conscience militante. Ca s’appelle la pureté militante. C’est le fait d’avoir une tolérance zéro pour les personnes qui feraient des actes maladroits et de les exclure immédiatement.
Je ne crois pas que la pureté militante soit un concept utile. On tire volontiers dans les pattes des personnes qui font « pas assez bien » plutôt que les personnes qui ne font « rien du tout ».
Personnellement, je pense que la déconstruction est un long chemin et que personne n’est parfait.e. Il y aura toujours des choses à apprendre. Vous serez toujours oppressifve, même sans faire exprès. Et l’objectif est de maximiser ses efforts pour l’être le moins possible. Faire des efforts c’est une bonne chose.
Comment se déconstruire et devenir une doula inclusive alors ?
Héhé. Il n’y a pas une mais des bonnes réponses.
Méthode 1 : écouter les témoignages de personnes concernées
Vous pouvez lire des livres, écouter des podcasts, lire des blogs, regarder des vidéos de personnes concernées par les oppressions qu’elles vivent vous raconter leur quotidien. C’est, je pense, une excellente façon de nourrir son empathie : se taire et écouter.
Et ensuite se demander « Ok, je ne trouve pas que cette situation soit juste, que puis-je faire en tant que personne non concernée pour devenir alliée ? » Une alliée, c’est une personne qui aide. Pas une personne qui sauve.
Méthode 2 : suivre une formation de consulting en inclusivité
Il y a aussi des formations qui permettent d’ajuster sa posture. C’est plus rapide que de lire mille bouquins. Ca permet aussi d’être pris par la main et de pouvoir ajuster sa réflexion en étant accompagnée par une personne payée à sa juste valeur. Celle à laquelle je pense particulièrement c’est Care Constellaire.
Mais s’il vous plaît, ne demandez pas à « votre ami.e qui vit une oppression » comment vous pouvez être une meilleure personne. C’est juste pénible de faire ça. Les gens ont envie de vivre leur vie et pas d’être tout le temps rappelé à leur oppression dans leur sphère amicale.
Prendre rdv avec une doula ?
Hello, je m’appelle Clée (iel) je suis la personne derrière ce blog. Doula depuis 2020, j’ai accompagné mal de familles.
✔️Approche inclusive et trauma informed
✔️A Bruxelles, Paris et surtout en ligne !
✔️Du (non) désir d’enfant au post-partum
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