Si je ne t’aime pas tous les jours, c’est que mon coeur est en faillite. Son coeur tanné par de beaux discours, du venin et des clématites.

Couple et PTSD. Je me suis dit qu’à un moment il faudrait faire un article témoignage sur le sujet et ce n’est pas facile.
Il y a des moments où je me sens triste de ne pas vraiment fonctionner normalement. D’avoir des crises d’angoisse de la fin du monde qui sont déclenchées par des toutes petites choses. De passer des heures entière à dissocier roulée en boule sous mon lit. De turbo react dès que je me sens en danger.

Mes colères sont très fortes. Très intenses. Démesurées. Violentes. Un peu comme si mon cerveau passait directement vers la catégorie « nous devons lutter pour notre vie comme si on combattait un ours« . Alors que ça n’en vaut pas la peine.

Le PTSD et le rapport au risque

J’ai passé plusieurs mois en tant que patient à la clinique du trauma de Bruxelles. Là-bas, nous avons eu énormément de cours par des psychiatres et des psychologues pour nous expliquer comment le stress post traumatique complexe avait attaqué nos cerveau et notre rapport au risque.

C’est comme avoir passé plusieurs années dans le tambour d’une machine à laver. A se coltiner des situations pourries sur des situation pourries parce que la vie est tellement dangereuse en permanence qu’on ne voit plus du tout le risque. Personnellement, après avoir passé ma fin d’adolescence dans des réseaux d’exploitation sexuelle de mineurs, la barre était au sol en matière de relation amoureuse.

J’ai enchaîné les relations toxiques, les rapports de force, les violences et les mecs très pourris parce que je n’avais aucun point de comparaison. Je ne voyais plus le risque. Tenir le coup au jour le jour était suffisant et j’étais tellement en détresse que j’étais une proie facile pour tous les prédateurs du coin.

Oser vivre une relation sereine

Je ne suis pas douée pour l’amour, avec moi on prend la fuite. Bien plus jolie à contre-jour, damnée à errer avec Lilith.

Le jour où j’ai ENFIN pu commencer à faire de la thérapie, j’ai fait des choix (in)conscients dans mes relations. J’ai lâché les roller coasters des bad boys rock star et j’ai décidé de me poser en couple avec un ami. Une personne chill. Tranquille. Pleine d’amour. On a emménagé ensemble.

Et c’était horrible. C’était horrible de voir autant d’amour dans le regard de quelqu’un. C’était horrible de ne pas avoir de danger. J’ai découvert la sécurité, la tendresse, la communication. Et j’ai eu besoin de créer des conflits ultra violents pour retrouver une part de chose connue.

fleurs thérapie ptsd

Quand le PTSD impacte la vie de couple

Ne m’en veux pas, piquantes sont mes blessures. Pardonne-moi, violentes comme du mercure. Et si j’aboie c’est dictée par la morsure. Embrasse-moi, si tu ne crains pas les griffures.

La personne que j’aime a toujours été une crème. Patient.e, qui communique beaucoup. Qui cherche toujours des solutions en cas de désaccords.
Mais chaque mini moment de tension soulevait des vagues d’émotions incontrôlables de mon côté.

Je suis passé par toutes les phases, celle des hurlements nue sur le toit en pleine nuit, celles des pleurs d’insomnie dans ma baignoire, celles où j’appelle le numéro des violences conjugales pour dire « je crois que je vis des violences mais JE NE SAIS PAS si c’est moi qui les vis ou si c’est moi qui les provoque ». Horrible, vraiment.

Je passais plus de la moitié de mon temps coincé dans ma tête et dans mes souvenirs. Quand je hurlais, ce n’était pas contre la personne en face de moi. C’était contre toutes les personnes qui m’avaient fait du mal avant. Je hurlais ma haine des hommes qui avaient abusés de moi.

Les réactions du PTSD face au stress

A la clinique du trauma, j’ai appris qu’on a trois réactions normales de notre cerveau en cas de danger : fuir, faire le mort ou se battre.

Au moindre conflit, mes comportements étaient démesurés.
Je me roulais en boule sur le sol. Je mettais en vitesse des vêtements dans un sac comme si je devais quitter l’appartement pour toujours et je me précipitais dans la rue. Je me cachais dans la cave ou dans les toilettes et je bloquais la poignée comme si je m’attendais à ce qu’on défonce la porte.
Je dissociais des heures, presque des jours, recroquevillé dans un coin sans manger ni boire, le cerveau éteint. Et si je ne pouvais ni m’enfuir, ni dissocier, je hurlais.

Je hurlais comme pour me battre avec un ours. Avec énormément de force et de désespoir. Et j’étais très dangereuxse, pour moi-même, pour mon environnement et pour les autres.

Avoir conscience du PTSD quand on se met en couple

Et si tu te sens las et lourd prends tes cliques et prends exit. Utilise la sortie de secours, sauve-toi, ma douleur est toxique.

J’ai été très toxique. Terriblement en souffrance et en détresse mentale.
Mais cela n’empêche pas d’être responsable des situations causées par mon problème psy. Avec du recul, je pense que j’aurai dû faire plusieurs mois de thérapie avant d’entrer en relation. On aurait dû se séparer le temps que je sois pris en charge. On n’a jamais eu le réflexe d’appeler les urgences psychiatriques parce qu’on ne connaissait pas. J’avais aussi peur des violences hospitalières et que ce soit pire. Je me sentais très perdue. On sous-estime à quel point avoir des ressources d’aide à la santé mentale et des pro à contacter en cas d’urgence est capital.

Les limites des thérapies pour le PTSD

Bien sûr, j’étais noyé dans le New Age à cette période de ma vie.

Après chaque crise, on brûlait de la sauge. J’ai fait appel à des énergeticiennes, des naturopathes, des sophrologues. J’ai fait des offrandes à la terre à chaque pleine lune, je me suis lavé sous l’eau de pluie, j’ai purifié mes reins (l’organe de la colère) avec des tasses d’argile verte et des bouillottes. J’ai testé plein de psychothérapies alternatives. De la thérapie corporelle, de l’IFS, de la psychogénéalogie.
QUE NENNI. Ca ne changeait rien à mes crises.

La clinique du trauma, bien que ce ne soit pas une solution miracle, m’a énormément aidé.

groupe en thérapie ptsd

La force de la thérapie de groupe pour le PTSD

Quand le monstre est calme et fourbu, seule dans ma chambre j’hurle en silence des rivières de larmes cousues sous mes paupières denses.

La clinique m’a aidé parce 1) c’était pris en charge par ma mutuelle donc je n’avais pas de stress financier 2) le pouvoir de la thérapie de groupe m’a donné une confiance en l’avenir invincible 3) j’ai commencé à comprendre ce qui m’arrivait.

Une psychiatre m’a expliqué que souvent, en matière de trauma complexe, on vit avec sans s’en rendre compte parce qu’on est habitué à faire avec. Puis quand un jour la vie devient plus stable, sans menace directe, le cerveau a de la place pour processer plein de choses.
Et les souvenirs remontent. Et les crises sont énormes.

Je suis très reconnaissant à mon amoureuxse d’être resté avec moi alors que j’allais aussi mal. Maintenant, je gère beaucoup mieux qu’avant les émotions fortes qui sont liées au PTSD. Parfois j’ai des loupés et il m’arrive encore d’avoir des réactions disproportionnées en cas de conflit. C’est un long chemin de connaissance de soi-même et de prise en charge de soi-même. De trouver des ressources d’apaisement, d’apprendre à gérer ses émotions, de faire confiance et de prendre soin de sa santé mentale.

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Je voulais faire cet article parce que je pense que statistiquement, je ne suis pas le seul à vivre avec un PTSD. Et que probablement, certaines personnes, qui me liront, sont en couple et ne comprennent pas ce qui leur arrive.
Vous n’êtes PAS SEULES. Ce qui se passe est NORMAL et ANORMAL en même temps.
Vous pouvez vous en sortir !!! Vous n’êtes pas condamnées. Prenez fort soin de vous.

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