J’ai arrêté de boire de l’alcool.
C’est arrivé un peu comme ça, sans prévenir. Après une énième soirée où je me suis fait vomir dessus, je me suis dit que j’en avais quand même un peu ma claque de boire. Et des gens qui étaient autour de moi quand ils avaient bus. Depuis, ça va faire six mois que je n’ai pas touché à une goutte et j’ai bien envie de continuer encore un peu. Pour le bonheur d’écouter son corps. De se retrouver.
(j’ai rédigé cet article il y a environ 1 an et je viens de me rendre compte que je ne l’avais jamais publié. Je me suis remise à boire après 9 mois sans alcool et un jour je te raconterai tous les bienfaits que j’ai tiré de cette expérience. En attendant, voici les pensées de mon moi d’il y a un an sur le sujet.)
Je me souviens très bien de mes trois derniers verres d’alcools.
Un au Surf Club de mon université australienne
Tous assis à genou sur de l’herbe mouillée en fil indienne, à boire un punch relativement très dégueu et à faire des courses en binôme à chaque fois qu’on appelait ton équipe. Un jeu à boire comme un autre. Et c’était bizarre, de se dire qu’on avait besoin de jeu à boire pour que la soirée soit drôle. J’en avais déjà fait tout plein. Mais là dans une autre langue et le bain d’une autre culture, c’était absurde. On buvait. On vomissait. On recommençait à boire. Comme des adolescents. Et ça n’avait aucun sens. Ca a commencé à avoir encore moins de sens quand un gars a vomit sur mon pull et que j’ai décidé que c’était la goutte d’eau de trop pour rentrer se coucher. Et qu’en ouvrant ma tente, il y avait déjà un garçon à l’intérieur qui m’a demandé si on pouvait pas baiser. En fait. Vu qu’il était bourré. Rester sobre ça voulait dire être ancré au réel.
Un à Sydney
En soirée avec les potes de mon ex copain. En Australie, l’alcool coûte très très cher. Et on a passé une soirée à dépenser 100 dollars pour faire une tournée des bars à se dire » Si tu bois, je bois ». On était saoul. On était amoureux. On est rentrés en Uber en s’embrassant sur la banquette arrière, comme dans les films. Puis on s’est endormis comme des masses. On s’est réveillés avec de gros mal de crâne. Et on a passé la journée à avoir mal au ventre et à errer dans la ville comme des zombies. Nos corps ne fonctionnaient même plus. Comprendre, on avait tellement bus et nos reins respectifs faisaient tellement la gueule que faire l’amour était au bas du bas de la liste des priorités. Et je me suis dit que c’était dommage d’avaler du poison qui nous empêchait de nous aimer. On a été désinhibés cinq minutes en soirée et on s’est fait des bisous sans se soucier des autres autour. Mais franchement, pour lui faire des bisous comme ça, j’avais pas besoin d’un verre dans le nez. Ni d’une sensation d’être barbouillée tout le lendemain. Rester sobre ça voulait dire s’aimer vraiment.
Un à Montréal.
J’étais déjà dans ma phase de « En fait je crois que j’aime pas vraiment boire ». A une soirée d’un festival. Quand tu ne connais pas vraiment les gens mais que tu as envie de te faire des amis. Qu’une connaissance t’entraîne avec elle pour dire » Viens. Viens, on va faire la fête. » Que tu ne connais pas trop les gens et que tu n’es pas à l’aise mais que tu as envie de t’intégrer. Que le gars du groupe qui a l’air cool et avec qui tu ressens une belle énergie s’en va et dit juste » Non, déso. J’ai pas trop envie de boire ce soir. » Et ça sonne comme une évidence. Moi je me suis sentie prise au piège, entraînée par le groupe. A entrer dans un bar que je n’aimais pas. Avec de la musique que je n’aimais pas. Et des gens que je n’aimais pas. Et un verre dans la main que je ne voulais pas. Un garçon m’a caressé la joue à un moment. Et je me souviens que c’est le moment où j’ai renversé mon verre et j’ai fondu en larmes. Le moment où je me suis dit » Je-ne-veux-pas-que-l’alcool-soit-un-prétexte. Je-ne-veux-pas-de-contact-physique. PAS DE CONTACT PHYSIQUE. » Rester sobre ça voulait dire être prudent.
Depuis, j’ai arrêté de boire. Depuis plusieurs mois. Et je vais bien. Je ne sais pas dans quelle mesure je peux dire je vais mieux. Je n’ai pas l’impression d’être devenue une vieille rabat-joie acariâtre qui ne sort plus. Je me sens au contraire vraiment connectée à chaque instant avec mon corps, mon environnement et les gens autour. Un jour, je t’écrirai un article pour t’expliquer comment arrêter de boire de l’alcool à 22 ans, ce qui est une chose socialement difficile. Et ce que ça m’a apporté en terme de bienveillance, connaissance de soi, pleine conscience et tout le tintouin. En attendant, je voulais juste te partager ces sentiments de flous qu’il y avait derrière mes derniers verres.
Et toi doux raton ? Parfois ça t’arrive d’avoir l’impression de ne pas aimer boire ?
Oui madame ^^ Je ne suis pas tellement portée sur l’alcool et ça me va. Par goût déjà. Si je ne réfléchis qu’avec mes papilles gustatives et bien je prend plus de plaisir à boire un jus d’ananas frais qu’une bière. Ok, j’aime le vin blanc moelleux, mais en soirée c’est rarement ce qu’il va y avoir à profusion, ça tombe bien ! En vrai je n’ai jamais trop compris le « boire pour boire » (encore moins le « boire seul ») Pour faire la fête ? Depuis quand l’alcool est une condition sine qua non pour s’amuser ? Alors oui de temps en temps en terrasse avec les copains ou pour accompagner un dîner au resto. Autrement ? Bof, pas envie. L’année dernière je n’ai pas bu pendant 4 mois, ça ne m’a pas manqué (sauf peut-être le jour de Noël, à cause de la tradition). D’ailleurs, je pense que je vais recommencer après l’été.
Je crois que ça m’arrive peu, parce que j’ai doucement évolué là dessus… pas forcément en quantités d’alcool bue (encore que), mais je ne pratique plus le binge drinking étudiant, et surtout maintenant je choisis de ne boire QUE si j’ai vraiment envie de cette boisson, pour d’autres raisons qu’une recherche d’ivresse. Autrement dit, peu probable que j’accepte une Heineken (j’ai l’alcool snob, disons), je vais préférer boire sans alcool dans ce cas. Par contre, il est clair qu’il ne faut pas se faire d’illusion, ce n’est pas parce qu’on boit du « bon » alcool que c’est moins problématique ! L’avantage éventuel, c’est juste que ça coûte plus cher et qu’on en boit de plus petits verres (enfin en ce qui me concerne, avec la bière artisanale).
Mais malgré tout, c’est une question qui me travaille, donc je suis de plus en plus vigilante à me préserver des jours sans alcool dans la semaine + des jours low alcool (genre un verre et demi de cidre ou un demi de bière et basta). Je ne crois pas que j’aurai vraiment l’envie d’arrêter l’alcool parce que je ne le vis pas comme un poids, que je n’ai pas eu d’expérience négative liée à ça… et en même temps ça me paraît extrêmement sain que certaines personnes s’en passent pour des raisons de goût personnel et de santé. je le comprends d’autant mieux que je m’inquiète parfois de la consommation de certaines personnes dans mon entourage
Je te l’avais dit sur Insta, mais personnellement je n’ai pas envie d’arrêter de boire parce que désormais ça m’arrive très occasionnellement, toujours en bonne compagnie et généralement avec une bonne bouteille (comprendre : choisie parce qu’on en apprécie le goût et pas uniquement pour l’ivresse). La preuve, c’est qu’avec mon chéri, les restes des bouteilles qu’on ouvre (avec plaisir) pour la Saint-Valentin ou autre occasion ou l’on est que tous les deux finissent souvent dans un plat parce qu’on a pas envie de se forcer à terminer la bouteille le lendemain.
Après, j’ai aussi la chance de n’avoir pas vraiment de mauvais souvenirs liés à l’excès d’alcool. Oui, ça m’est arrivé de boire trop, trop vite, de la piquette et de passer par une phase pas très glorieuse; mais généralement, les gens qui m’entouraient se sont montrés plutôt bienveillants avec moi, donc je range ça dans la catégorie « folies de jeunesse ».
En revanche, je respecte totalement le choix de certain(e)s de mes ami(e)s de ne pas boire; et lorsque c’est moi qui organise quelquechose, il me paraît normal de prévoir du sans alcool.