Accompagner la mort ? Quelle drôle d’idée ! Et pourtant, c’est bien l’objectif de Couleur Plume, qui forme des accompagnantes à la mort et des thanadoulas. On sait accompagner les naissances, on sait aussi accompagner les fins de vie. Retour sur mon immersion en deuil périnatal
Alors voilà. On y est. En tout cas, moi j’y suis.
J’écris ces mots affalée sur un lit dans une petite chambre d’un Airbnb à Nîmes. Dans ma tête, il trotte la phrase « Home is not a place, it’s a feeling ». Et je pense que je commence tout juste à l’entendre. Je sors de la douche, en pyjama, j’ai passé du baume hydratant sur mon corps, j’ai fermé les volets, tamisé la lumière, fait chauffer une bouillotte et une tasse de yoggi tea. J’ai une petite musique douce. Et là tout de suite, c’est devenu un peu comme la maison. Je me sens tranquille. Peinarde. Je pourrai accoucher ici. Ou y faire l’amour. Cette chambre impersonnelle est chargée d’ocytocine, comme un ancrage. Et c’est par là que je vais commencer.
Bouffée d’ocytocine
C’est peut-être ce que je retiens principalement de cette immersion deuil périnatal chez Couleur Plume. Et pourtant, sur le papier, le sujet n’est pas facile ! Imagine quand je raconte « Devenir thanadoula. J’ai fais une formation sur le deuil périnatal. C’était génial ! » Ca semble presque indécent. Et pourtant. C’est une chose que j’ai aimé dans la formation, Clémentine et Julie les deux formatrices ont réussi la prouesse de savoir parler de mort avec des vrais mots et une légèreté d’être.
Oui, on a parlé d’interruption médicale de grossesse, de mort foetale in-utero, de bébés morts subitement quelques heures après leur naissance. Calmement. Posément. Sans être grave « parce qu’il faut ». On a beaucoup rit. On s’est fait des câlins. Des avalanches de compliments. On a dansé. On s’est touchées. Dans le coeur et dans le corps. On a été témoins de ce qui se passait pour les unes et les autres. On a été heureuses. Pétillantes. Pleines de vie.
Explorer le rapport à la mort
Couleur Plume fait une immersion sur le deuil périnatal pour les thanadoulas et les autres professionnels. On ne peut pas accompagner les autres sans avoir déjà fait un point sur son propre rapport à la mort. Et c’était doux. Et intense en même temps. De pouvoir ouvrir l’espace en sécurité et intimité. Laisser chacune se laisser apprivoiser, raconter et déposer ce qui pour elle est nécessaire.
Nous avons eu des temps d’écoute tout doux, tout chaleur. Au coeur de ce gîte au fond d’une campagne. Une montagne, des chemins de mini rando, des herbes folles, des cabanes dans les arbres, des salles de méditation, le ronronnement d’un poêle, une rivière asséchée. C’était plein de coins et de recoins pour se blottir et se déployer. Oser être et oser dire ce qui ne trouve pas facilement sa place en société.
Vivre et laisser vivre
L’immersion deuil périnatal Couleur Plume est faite de mises en situations poignantes, qui prennent aux tripes et qui permettent de se laisser traverser. Se laisser traverser par l’émotion, par l’espace temps. Ajuster la posture, savoir rester solide durant la tempête. Et c’est beau, de jouer à « On dira que tu es ». C’est enfantin, c’est simple, c’est puissant, ça fou des claques. « On dira que tu es sage-femme et qu’à ton cabinet un couple viendra en urgence. Ils viennent d’apprendre que leur bébé a une maladie grave à 7 mois de grossesse, il ne pourra pas vivre plus de quelques jours après sa naissance. Tu fais quoi ? » ou « On dira que tu vient de sortir d’une échographie et que ton bébé est mort in utero, son coeur a arrêté de battre. Tu appelles ta doula. Vous faites quoi ? »
Et on pose la consigne là. Et on explore. On joue. On prends une heure. On invente l’histoire. On la déroule. Les larmes coulent. On s’ajuste. Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je dis ? Devant la douleur ? Comment j’accompagne ? Où est ma place ?
Et c’est un exercice qui s’ancre dans le réel. On apprend à être thanadoula, ou simplement accompagnante du mourir.
La puissance de vie
On parle beaucoup de mort dans l’immersion deuil périnatal Couleur Plume, mais au fond, j’ai la sensation qu’on y parle surtout de vie. De croire au processus qui dit que nous sommes capables de surmonter tous les deuils. De celui d’apprendre sa stérilité, à une fausse couche ou à la maison qui brûle avec son bébé à l’intérieur. Nous sommes capables. Et on sait le faire car on sait être porté par la beauté de la vie, la puissance du détail, la chaleur d’un rire, la clé de la présence.
Est-ce que Couleur Plume, ce ne serait pas aussi une formation pour apprendre à être pleinement vivant ? Probablement. Et il faut au moins ça pour savoir accompagner la mort et être thanadoula. Etre pleinement ouvert à la vie, dans tout ce qu’elle porte.
Couleur Plume, c’est pour qui ?
J’ai la conviction que l’immersion sur le deuil périnatal Couleur Plume est faites pour toutes et tous. Il y a une belle coloration doula et thanadoula, Clémentine et Julie le sont elles-mêmes depuis longtemps. Mais pas que. Je pense que des sage-femmes, des officiants de cérémonies, des gynécologues, des auxiliaires puer ou toute autres personnes qui est amenée à côtoyer de près ou de loin l’univers de la naissance a sa place chez Couleur Plume.
Tu n’as pas besoin d’avoir vécu un deuil périnatal pour y aller. Ni d’être maman. Ni d’être à 3000% en paix avec ton deuil si tu en as vécu un. Ce n’est pas une ligne d’arrivée, c’est un chemin. Et Couleur Plume sait te prendre par la main avec tendresse et douceur dans un cadre solide.
L’immersion deuil périnatal Couleur Plume, on y va comment ?
On y va comme on est. On y va pour s’offrir une petite bulle d’énergie et de douceur tout en parlant de fin de vie avec de vrais mots. On y va pour se laisser traverser en restant bien campé dans ses bottes. On y va pour se perdre dans la nature et être connecté à soi. On y va pour prendre des décisions et oser s’affirmer. On y va pour rencontrer et créer une famille. Une famille d’accompagnantes au mourir. Une famille couleur plume. Tout simplement.
Doula ou thanadoula ?
Couleur Plume n’a pas vocation à former des thanadoulas. J’utilise le mot à l’intérieur de l’article dans un soucis de référencement mais c’est une formation qui va plus loin que le cadre de compétence de la doula. A chacune et chacun de s’en emparer comme elle le souhaite.
De plus, Couleur Plume propose deux formats : les immersions de quatre jours qui permettent de cerner l’approche du métier d’accompagnant au deuil et la formation longue qui dure neuf mois et qui a une vocation professionnalisante.
Tu veux plus d’infos ? Consulte le site Couleur Plume et si tu as Julie ou Clémentine au téléphone, dis leur que tu as lu cet article. Ca leur fera probablement plaisir.
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