Ca me demande un courage fou doux raton de te parler de tout ça sur le blog. Tu vois, ce petit bout d’univers qui évolue avec moi. Toi aussi tu te demandes comment on est passé des premières recettes de muffins véganes à la passion grossesse/accouchement pour finir par dériver sur la sexualité positive ? C’est un blog, c’est ma vie, et dans ma vie j’ai été à Matriarchy. Et j’avais envie de t’en parler.

La sexualité positive (sex+) qu’est-ce que c’est donc que ça ?

Vu de l’extérieur, c’est juste bizarre. Alors je vais essayer de trouver des mots simples pour clarifier tes pensées. « C’est des hippies qui se baladent nus et qui font l’amour partout », « c’est gens chelous qui sont polyamoureux et qui font des orgies », « c’est…tout simplement des humains dans tout ce qu’il y a de plus sensuels, grégaires et en dehors du cadre si ce n’est le respect de soi et des autres »

Le respect de soi et des autres ?

Il y a des règles simples sur ce genre d’événements. Et la première est celle du consentement. Quand j’ai essayé de raconter mon weekend à des copines, elles ont ouvert des yeux ronds et m’ont demandé « Mais attends, du coup, comment ça se passe. Tout le monde couche avec tout le monde comme ça ? Comment tu choisis quelqu’un ? »

Bah… Tu demandes ? La base quoi.

Et en fait, tout le monde ne couche pas avec tout le monde. Les gens sont peut-être nus mais ça reste des gens. Des personnes normales, avec une personnalité, un caractère. Et les liens qui se créent sont divers. Il y a de l’amitié, il y a de l’attirance, il y a de la sensualité. Il y a de la neutralité. Il y a des tensions. Il y a aussi de la sexualité parfois – pas toujours. Mais c’est normal. C’est juste simplement humain.

Le consentement, ça veut dire attendre un oui enthousiaste et à priori avant de faire une action.

  • Je peux te faire un câlin ?
  • Je peux m’assoir à côté de vous dans cette conversation ?
  • Je peux te donner une appréciation ? (= faire un compliment sincère qui n’attend pas de réponse)

Peut-être, c’est non. Non, c’est non (évidemment.) L’évitement non verbal, c’est non. L’absence de réponse, c’est non. Tant que ce n’est pas OUI enthousiaste avec du sourire qui pétille dans les yeux, c’est non. Et c’est très simple.

Le cadre est défini pour être sécurisant et sécurisé

Et c’est une enfant sauvage qui te parle. J’ai la quasi conviction que toutes les personnes que j’ai pu croiser étaient hypersensibles ou empathes ou clairement zèbres. Le cadre est clair. Des réunions de vie en collectivité sous la forme de cercles de paroles sont organisées deux fois par jour. On y utilise de la communication non violente à tout va. On parle en inclusif. On fait des checks émotionnel réguliers. On a des personnes chargées d’être support émotionnel si tu as besoin de parler de ce qui se passe sous ton crâne et que tu as beaucoup d’émotions à gérer.

Ultra safe. Moi qui déteste les groupes humains et tous les codes sociaux que je ne comprends pas, je me suis sentie comme un poisson dans l’eau. C’était intense. Mais c’était bienveillant.

Mais qu’est-ce qui se passe pendant ce genre de weekend ?

Alors.

Imagine un super beau lieu. Genre un château. Un truc gigantesque avec plein de terrain, une déco trop belle et des vibes où tu te sens bien. Bon, maintenant imagines que c’est ok d’être nu si tu as envie. Ou de mettre des paillettes si tu as envie. Ou de porter des couronnes de fleurs. Ou tout ce qui pourrait te faire du bien sans être jugé. Top. Maintenant, imagines que la bouffe est prise en charge et qu’elle est végé (option végane au top et on ne meurt vraiment pas de faim). Super. Dis-toi qu’il n’y a ni alcool, ni substances dans ce lieu. Tout le monde est sobre. Imagine qu’on est genre 40 personnes. Qui ont approximativement en moyenne entre 20 et 35 ans. Imagine que tout le monde a envie de faire en sorte que tout le monde se sente intégré et que même si tu t’appelles Jean-Kévin avec un pull Adidas et que tu n’as jamais entendu parler de développement personnel de ta vie, tu seras intégré au groupe. Même si clairement, dans le groupe il n’y a quasi que des alliés social justice warrior ultra déconstruits et zèbres. Excellent. Maintenant, imagine aussi qu’il y a des ateliers de yoga, body painting, méditation mais aussi exploration du point G, massage prostatique ou câlins collectifs. Et imagine aussi que la sexualité est autorisée dans la plupart des espaces.

Voilà. Tu vois à peu près à quoi ressemble mon weekend.

Ca ne fait pas beaucoup de sens raconté de l’extérieur, c’est pour ça que je te dis que l’idéal, c’est quand même d’y mettre les pieds pour te faire une idée.

Comment ça s’est passé pour moi ?

C’était un weekend de 4 jours. Et ça m’a pété le cerveau. Voilà. Ca a fait valser plus ou moins toutes les barrières de mon petit carcan social et ça m’a fait me questionner sérieusement sur plein de modèles. Ca m’a laissée lessivée émotionnellement. Mais heureuse. Fondamentalement heureuse. Tu sais, heureuse de cette impression d’avoir touché du doigt des petits morceaux de sublime et de beauté brute qui rend vivant.

Je suis une personne timide, j’oserai jamais participer

Doux raton, je ne sais pas quoi te répondre à part te donner mon expérience perso. Je ne suis pas timide. Je suis en revanche fondamentalement introvertie et j’ai la fâcheuse habitude d’être incapable de connecter avec des gens en small talk dans la vie de tous les jours (tu sais, Gisèle à la cantine qui te parle du temps ou de ses prochaines vacances. Moi je m’en bats les reins et ça se voit sur toute ma tête.) Mon weekend ne m’a posé aucun problème. Je répète : aucun problème. J’ai eu l’impression de pouvoir prendre la place à tout moment si j’en ressentais le besoin parce qu’il y avait des espaces pour. Tu peux par exemple proposer des ateliers, ou aider en cuisine ou je sais pas, les gens sont juste tellement bienveillants qu’ils te laisseront jamais seul dans un coin.  Il y a des choses mises en place pour les personnes timides de façon à ce que les gens du support émotionnel viennent vers eux spontanément. Il y a laaaargement de quoi s’isoler dans la nature si tu en as marre d’être H24 avec des gens. Et des ateliers de connexion authentique pour briser la glace.

Je suis une personne pas à l’aise avec la sexualité, ça me fait un peu peur

Alors. Oui, la sexualité est présente dans cet événement. Mais elle n’est pas obligatoire. Tu peux carrément vivre ta meilleure vie avec ton bouquin tranquillou et te faire couler des bains dans des baignoires gigantesques en mangeant des tablettes de chocolat. Il n’y a pas d’injonction au sexe. Il n’y a pas d’injonction à être nu. Tu fais ce que tu veux et ce qui résonne avec toi.

Par contre, probablement tu verras des gens nus (c’est sûr). Et peut-être tu verras des gens avoir des interactions sensuelles ou sexuelles. Je veux dire, ce n’est pas tabou, ce n’est pas caché. Par contre, rien ne t’oblige à rester dans la même pièce ou à les regarder – c’est même plutôt déconseillé, un regard peut-être intrusif et creepy.

Il y a des espaces spécifiques pour les pratiques de BDSM. Donc sauf si tu y vas, tu n’en verras pas.

Moi, personnellement, ça m’a fait du bien de parler de sexualité de façon décomplexée.

Il y avait quoi comme ateliers exactement ? Elles sont trop flous tes explications là.

Ok. Alors, j’ai pas tout fait mais en vrac, je me souviens de :

  • eye gazing : atelier où tu regardes quelqu’un pendant une heure dans les yeux sans parler et où il se passe 1000 trucs de connexion profonde
  • cérémonie d’adoration : atelier sur le temps du soir où tu es allongé au milieu d’un groupe de trois personnes sur une petite musique douce et où tu dis ce que tu aimerais qu’on te fasse. Genre des petites caresses sur toutes les parties du corps où tu n’as pas de vêtement (et oui, je te vois venir, tu peux garder ta culotte, ton t-shirt, tout ce que tu veux et ça peut être des caresses aussi innocente qu’une mère à son enfant)
  • atelier massage thaï : un atelier où tu apprends des techniques de massage thaï et tu pratiques sur un.e partenaire
  • atelier découverte du point G et éjaculation féminine : un atelier en mixité où tu parles du point G, tu échanges des expériences et des anecdotes avec d’autres participants et où il y a une partie pratique où si et seulement si tu as envie tu peux demander à quelqu’un de t’aider à expérimenter une éjaculation féminine. Ou tu peux aussi le faire toi toute seule en allant t’enfermer dans une chambre si tu as un vagin.
  • cérémonie d’appréciation : une cérémonie où toutes les personnes marchent au son d’une petite musique douce et elles se donnent mutuellement des appréciations (compliments sincères qui n’attendent pas de réponse). Emotion garantie.

Et moult. Voilà. Il y a des ateliers comme ça un peu tout le temps. Tout est autorisé mais rien n’est obligatoire.

Obviously il n’y a pas de prise de photo, tout est confidentiel, tout est protégé.

Je peux y aller en couple ? Ou tout.e seul.e ?

Tu es une grande personne, tu fais ce que tu veux. Certaines personnes viennent avec un.e partenaire, d’autre seul.e. Tu peux passer tout un événement sans avoir aucune interaction sexuelle. Ou en avoir moult. Ou en vrai, tu es libre tu sais.

Dans ce milieu un peu déconstruit, il n’est pas rare que les participanx soient dans des dynamiques non exclusives. Ca implique de faire la distinction entre relation sexuelle, relation romantique et blablabla. Mais ça ferait presque l’objet d’un autre article.

Pourquoi diantre tu vas dans des endroits comme ça ! Ton âme est en perdition.

Je sais pas moi. A un moment j’en ai eu marre de pas être à l’aise avec ma sexualité et dieu sait si en tant que femme tu as un milliard d’injonction à ce sujet. Entre la vie bien rangée de la relation exclusive hétéronormée où tu finis un peu par t’oublier parfois ou les plans culs un peu nul de la pseudo sexualité libérée, à l’impression de ramer à connaître son corps ou pouvoir exprimer clairement ses désirs et ses besoins ou encore la difficulté à avoir des espaces de liberté sexuelle en pleine conscience (coucouuuu, si toi aussi tu connais l’image de « Y a que quand je suis bourrée en contexte de soirée que je peux me lâcher et oser exprimer mon désir tout fougueux »). Bah j’en ai eu ma claque en fait.

Les chatonnades sont un monde dans le monde. Une mini réalité alternative. Une bulle douceur et rugueuse à la fois. Parce que ça vient péter des systèmes de croyance et ça fait mal. Mais ça fait aussi du bien. Et si tu veux réfléchir et déconstruire dans ce domaine, c’est peut-être le meilleur lieu du monde. Voilà.

Notes : alors, moi j’ai fais un event Matriarchy. C’est pas exactement comme Chatonnade. Il y a une plus grande conscience écologique, zéro déchet. La dynamique est plutôt slow sex/low sex/tantra. Et on accorde plus d’attention au fait que les minorités (femmes et non binaires) prennent le lead. Mais il y a avait beaucoup de chatons à Matriarchy. Et je crois que c’est des élans de la même communauté au fond. Voilà voilà.

Pour aller plus loin : la page FB du collectif Chatonnade

J’espère je t’ai pas choqué.e, j’espère ça t’as rendu curieuxe. Ou pas. J’espère que dans tous les cas tu vas t’écouter sérieusement et suivre tes élans du coeur. TOUS. Parce que tu le mérites. 

 

 

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