Coming-in

A un moment, je n’avais plus l’élan d’écrire quoique ce soit ici. Puis je me suis dit : pourquoi ne pas faire une webographie de la semaine. C’est une forme de partages de coup de coeurs que je faisais déjà sur Instagram.

Faire son coming-in, qu’est-ce que c’est ?

As-tu déjà entendu parler de coming in ? C’est le cheminement de prise de conscience et d’acceptation de sa propre identité LGBT. La sensation d’être différent.e des autres, faire une forme de deuil de ce qu’on est censé être, ne pas correspondre aux attentes de la société. La fierté de se révéler à soi-même et de ne plus se cacher. Ca peut prendre un temps infini de faire un coming in !

Personnellement, j’ai toujours eu l’impression d’être en décalage constant.

Ado, je n’avais jamais entendu parler du mot bi et je n’avais aucune représentation de lesbienne qui me ressemble. En étant en plus dans un environnement catholique et puritain, j’avais beaucoup de honte et d’incompréhension envers mes sentiments.

Pour la non-binarité, il m’a fallu énormément de temps, de représentations positives, de confiance et d’un environnement très queer friendly pour oser poser les mots dessus. Je ne me suis jamais vraiment retrouvé dans la binarité du genre et comprendre que la non binarité était une possibilité normale d’exister a été une vraie libération douce.

La représentation LGBT ça compte dans le coming in

Mon coeur est en joie quand je lis à l’heure actuelle qu’il y a de plus en plus de représentations LGBT. Plus les gens sont out et visibles, plus ça donne de l’espoir que les coming-in des personnes en questionnement puissent être plus fluides.

Par exemple, voir des couples LGBT Noirs, asiatiques ou arabes, c’est important. Et qu’on arrête de considérer que seuls les Blancs peuvent être concernés par ces sujets.

J’ai beaucoup aimé le livre Trans Noirs qui donne parole et visibilité à des personnes trans Noir.es.

« Dans cet ouvrage collectif, la parole est donnée exclusivement à des personnes trans noires, vivant en France pour la grande majorité.


Ce livre est constitué d’une multiplicité de voix, de perspectives et d’expériences diverses. Différentes  générations  sont également représentées. »

Acheter le livre 12 euros chez Case Rebelles

Ou dans des livres et dessins animés pour enfants, voir des identités queers représentées. Que ce soit un personnage non binaire dans « Ridley Jones la protectrice du musée »

A ce sujet, je vous recommande de suivre Charline (iel), militant.e panasiafem du blog Mon fils en rose qui fait tout un travail de parentalité décoloniale, anti-raciste et dégenrée. Et qui a pleiiiiin de reco de livres LGBT pour enfants

Aujourd’hui je suis non binaire et bi/pan. Il m’a fallu une éternité pour que ce soit possible. C’est souvent une histoire de représentation, d’amour de soi, d’entourage bienveillant et j’en passe.

Trouver sa place dans la communauté LGBT

Souvent les hétéros parlent de la commu LGBT comme si c’était « une grande famille » et ils ont raison de leur point de vue. Mais c’est une grande famille avec des milieux et des sous-milieux.

Es-tu assez queer pour être queer ? La question du gatekeeping

Ajoute à cela que dans les milieux LGBT il y peut y avoir une forme de « gatekeeping ». C’est à dire être confronté à des groupes ou des lieux qui vont venir questionner ta légitimité. En fonction de tes connaissances théoriques (as-tu lu tel ou tel ouvrage militant), expériences pratiques (es-tu réellement lesbienne si tu n’as jamais couché avec des meufs ?) ou de ton « passing » – apparence physique (as-tu l’air d’être suffisamment pas hétéro cis dans ta démarche, tes vêtements etc…)

C’est toute une codification qui peut être pénible et contraignante quand on est pas éduqué aux bons codes. – et by the way, elle comporte souvent plein de biais, parce que les oppressions s’additionnent entre elles.

Un coming in & out à l’intersection des identités

Quand on parle de coming in, on évoque aussi généralement les coming out. Le coming out, c’est le fait de révéler à son entourage qu’on est pas cis ou hétéro. Et il y a toujours des inégalités à faire un coming out.

Les personnes LGBT des quartiers populaires sont souvent exposés à la précarité, au chômage ou à la difficulté de trouver un logement. Faire un coming out dans sa famille ou dans son travail devient alors beaucoup plus difficile car cela signifie éventuellement s’exposer à une perte de ressources. Et il y a une différence structurelle associée, dans les quartiers populaires il y a moins de lieux « safes » pour être out, pour trouver du refuge en cas de besoin.

En région parisienne, la Pride des Banlieues parle particulièrement de ce sujet et oeuvre à créer plus de safer space LGBT et anti-racistes.

« Le 14 octobre 2020, le film documentaire La Première Marche retraçant l’organisation de l’événement sort en salle et permet de faire exister les messages de la Pride des Banlieues dans un contexte sanitaire marqué par la crise du Covid-19. Il est actuellement disponible sur la plateforme MyCanal. »

Le poids du racisme dans les milieux LGBT

Il y a de nombreux biais racistes dans les milieux LGBT qui sont principalement blancs. On y retrouve l’idée fausse que les personnes racisées LGBT n’existent pas. Par conséquent les gens peuvent y être particulièrement condescendant et se dire qu’on s’est trompé de lieu et qu’on a rien à faire là. Ca peut être quelque chose de très infantilisant comme « On est un bar lesbien, est-ce que vous êtes sûre de ce que ça veut dire ? »

Je trouve qu’il y a un très bon livre, des éditions Hors d’Atteinte qui explique ce phénomène d’intégration dans les milieux LGBT blancs quand on ne l’est pas.

« Aloé, femme noire, en surpoids, queer et pauvre, n’a pas toujours manqué d’estime d’elle-même. Mais d’innombrables regards, remarques, violences quotidiennes se sont chargés de lui attribuer une place et de lui faire comprendre qu’elle devrait s’en contenter. Loin d’accepter cette violence qu’il serait si simple de renvoyer, elle choisit d’aimer – car l’heure de l’amour a sonné. »

Acheter le livre à 19 euros aux éditions Hors d’atteinte

A Bruxelles, l’ABSL Fat Sabbats organise régulièrement des events en non mixité queer et racisée pour répondre à un besoin de safer space.

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